Le 20ème siècle, vers une reconnaissance universelle

Le succès du vignoble bourguignon est momentanément ralenti, au début du 20ème siècle, par la Première Guerre mondiale, la Prohibition aux Etats-Unis et la crise économique. Après la Seconde Guerre mondiale, le marché des vins de Bourgogne retrouve progressivement sa vigueur. Un succès qui s’est confirmé depuis : les vins de Bourgogne sont aujourd’hui commercialisés dans près de 180 pays !

Pour aller plus loin

Les premières Appellations d’Origine de Bourgogne

Le 30 juillet 1935, le Comité National des Appellations d’Origine pour les vins et eaux-de-vie voit le jour.
Il est lié à la création de « l’Appellation d’Origine Contrôlée »  qui établit qu’un produit se définit non seulement par ce qu’il est, mais aussi par son lieu et ses méthodes de production.
Comité national, professionnels de la viticulture et administrations de l’Etat travaillent alors de concert pour créer au plus vite les premières appellations.
Pour la Bourgogne, les appellations Chambolle-Musigny, Gevrey-Chambertin, Nuits-Saint-Georges, Vosne-Romanée, La Romanée, La Tâche, Musigny, Richebourg, Romanée-Conti, Romanée-Saint-Vivant, Beaune, Pommard, Montagny, Pouilly-Fuissé et Mercurey sont adoptées le 23 et 24 juillet 1936.
Elles seront officiellement promulguées par décret, le 11 septembre 1936 !

La tradition contre les crises

Ecusson du tastevinage - © Confrérie des Chevaliers du tastevin

Lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, les Bourguignons, comme tous les Français, sont appelés au front. La production vinicole ralentit et le conflit interrompt l’exportation du vin vers l’Allemagne et la Belgique.
La Révolution d’Octobre, en 1917, provoque également la fermeture du marché russe.
Dans ce contexte économique morose, au sortir de la guerre, des familles bourguignonnes doivent vendre une partie de leurs vignes. Rachetées par de petits vignerons, ces parcelles deviendront parfois des domaines très renommés.

Avec la crise économique de 1929, l’idée de certifier la qualité des vins bourguignons pour encourager leur vente prend concrètement forme. L’objectif est de renforcer la protection du consommateur contre les fraudes, en authentifiant les vins de tradition, perpétuant un savoir-faire.
C’est ainsi que sont instituées, en 1935, les Appellations d’Origine Contrôlée (AOC).
Ce système comprend plusieurs catégories, inspirées par le classement du docteur Lavalle. En Bourgogne, on dénombre aujourd’hui 84 AOC produites :

  • dans une zone géographique bien délimitée
  • selon des critères précis, concernant les techniques de culture et de vinification, les rendements, les types de cépages employés, etc.

A partir des années 1930, pour trouver d’autres débouchés commerciaux, des propriétaires viticoles développent la vente directe. Ils connaissent un grand succès, qui perdure jusqu’à aujourd’hui.

Pour promouvoir ses vins, la Bourgogne mise également sur une tradition festive et généreuse. Diverses institutions ou manifestations sont ainsi créées :

  • La Paulée de Meursault

Le terme Paulée est typiquement bourguignon. Il désigne le repas festif de fin de vendanges offert par le propriétaire à ses vendangeurs. Depuis 1932, ce banquet convivial se tient chaque année au château de Meursault, le lundi suivant la Vente des vins des Hospices de Beaune pour célébrer la fin des vendanges. Chaque convive apporte les vins qu’il souhaite partager au cours du banquet. Cela donne lieu à des dégustations mythiques et improbables, où de très vieilles cuvées de Bourgogne croisent des vins du monde entier !

  • La Confrérie des Chevaliers du Tastevin

Créée en 1934, au cœur de la crise des exportations née de la Prohibition américaine, cette institution est la « mère » de toutes les confréries bourguignonnes. Elle instaure notamment le Tastevinage, une dégustation qui distingue 2 fois par an certains vins bourguignons pour leur qualité. Autour d’une seule question « Est-ce que vous aimeriez servir ce vin à vos convives ? »

  • La Saint-Vincent tournante

Depuis 1938, elle est célébrée à la fin du mois de janvier, chaque année dans un village différent. Nommée d’après le saint patron des vignerons, elle donne lieu à de nombreuses festivités et à des dégustations de vin qui rencontrent un grand succès. C’est l’occasion de mettre en valeur une appellation particulière , mais aussi de célébrer, avec quelques semaines d’avance, le retour du printemps et le début d’un nouveau cycle dans les vignes !

 

Le développement d’institutions renommées

Bouteilles de vins de Bourgogne - © BIVB / www.armellephotographe.com

Par ailleurs, au cours du 20ème siècle, la vente aux enchères des vins des Hospices de Beaune devient un événement d’envergure mondiale. Elle se tient chaque troisième dimanche de novembre. Créée en 1859, elle fêtera en 2016 sa 155ème édition.

Le 20ème siècle voit également naître en Bourgogne des institutions qui marquent pour longtemps le monde viticole :

En 1923, La Chablisienne, première cave coopérative destinée à promouvoir les ventes de vins, est créée dans l’Yonne. Le mouvement se généralise dans le sud de la Bourgogne (où subsiste encore le plus grand nombre de Caves Coopérative de la Région).
Aujourd’hui, les 16 caves coopératives bourguignonnes assurent, en moyenne, 15 à 20 % des ventes du vignoble bourguignon.

L’Interprofession des vins de Bourgogne regroupe les vignerons, coopérateurs et négociants-éleveurs de la région. Elle est fondée en 1989 par la fusion des Comités interprofessionnels de la Côte-d’Or, de l’Yonne et de la Saône-et-Loire. Ses missions consistent à :

  1. représenter les vins de Bourgogne et les acteurs de la viticulture et du négoce, pour défendre leurs intérêts
  2. définir et appliquer la politique des vins de Bourgogne en matière de communication
  • L’Institut Jules Guyot - Institut Universitaire de la Vigne et du Vin

Cet établissement d’enseignement ouvre à Dijon en 1995. Il forme des professionnels dans divers domaines liés au vin (viticulture, viniculture, commerce du vin, œnologie, œnotourisme).

Fort de tous ces atouts, le vignoble bourguignon continue de développer son influence. Aujourd’hui, 183 millions de bouteilles sont produites en moyenne chaque année et une bouteille sur deux est exportée !

 
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